RIXHEIM
L'ECOLE JUIVE
Extrait du bulletin communal RIXHEIM n°
6/1990 (SHR)
par
Franck SCHMITT 68130 Emlingen et
mis sur ce site avec sa permission
Les enfants israélites avaient de la chance, et ceci depuis 1784, de pouvoir suivre des cours privés auprès d'un maître d'école juif.
En 1863, la communauté juive adresse une lettre au maire de Rixheim, dans laquelle elle demande l'admission d'une l'école privée. M. ZUBER donne son accord et transmet la pétition à l'inspecteur départemental.
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Voici la copie de cette lettre :
La communauté israélite de cette commune, par l'organe de la commission administrative, vient de m'adresser la lettre ci-incluse tendant à faire admettre une école privée comme annexe de nos écoles communales avec un maître-adjoint en titre.
La population israélite de cette commune se compose de 260 à 280 âmes (1), dont 40 enfants fréquentant l'école. Les classes se tiennent dans un local fourni par la commune dans le même bâtiment que nos écoles publiques (2), mais faute de pouvoir offrir les avantages d'un poste communal, notamment pour la dispense du service militaire, il devient très difficile de trouver un instituteur israélite capable.
Aujourd'hui il se présente un jeune homme nommé Samuel HIRSCH (3), fils du rabbin de Sierentz, muni d'un brevet de capacité et réunissant toutes les conditions de moralité désirable; mais comme le sieur HIRSCH est obligé de contracter un engagement décennal pour être dispensé du service militaire, il ne peut accepter qu'un emploi public (4).
La communauté israélite s'engageant d'ailleurs à pourvoir à l'entretien de son instituteur, la reconnaissance officielle d'une classe communale israélite ne créera aucune charge nouvelle pour la commune et cette mesure, dont je sollicite l'adoption, me paraîtrait à tous égards convenable et équitable.
Notre instituteur public, M. SCHUMACHER (5) aurait ainsi la surveillance de cette classe et j'ai l'honneur de joindre sa lettre proposant M. Samuel HIRSCH, instituteur breveté en 1862, pour les fonctions de maître-adjoint, spécialement chargé d'une classe pour les enfants israélites (6).
J'ose espérer que notre demande sera favorablement accueillie et vous prie d'agréer, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de mes sentiments dévoués.
Le Maire :
I. ZUBER
(1) La population israélite
variait constamment. En 1726 vivaient à Rixheim 34 familles juives,
soit environ 150 personnes. La communauté israélite, qui
comptait 217 personnes en 1780, comprenait 71 familles en 1809, formant
une population de 362 âmes, sur 2286 habitants, ce qui représentait
15,83 % des Rixheimois.
Au recensement de 1861 il
n'y avait plus que 263 israélites sur 3283 habitants (= 8,01 %).
Lors du recensement qui sera effectué en mai 1866, la population
de confession juive sera de 272 âmes sur 3266 habitants (= 8,32 %).
(2) Une classe ne comprenant que des enfants israélites fonctionnait dans une salle située dans le même bâtiment que l'école publique. Cette classe libre était tolérée par les autorités communales, mais n'était pas dirigée par un instituteur bénéficiant du statut public.
(3) Le brevet de capacité était demandé par les autorités communales. Ce document prouvait les capacités du candidat-instituteur.
(4) Les instituteurs occupant un emploi public étaient dispensés du service militaire. Belle aubaine.
(5) M. SCHUMACHER dirigea l'école de Rixheim de 1858 à 1865. Il mourut dans notre cité le 5 février 1865.
(6) Dans cette classe spéciale le maître dispensait également des cours de religion et les enfants étaient initiés à la langue hébraïque.
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L'inspection a donné son
accord. Le conseil se réunit pour fixer les conditions de la
création de ce poste.
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SESSION ORDINAIRE DU 9 NOVEMBRE 1863
Point n° 1
Furent présents MM.
Ivan ZUBER, maire - Joseph BURGET - Joseph KRITTER -
Joseph LOBISOMMER - Joseph HAUWILLER-
Amédée RIEDER - Marc HAUWILLER -
Emile ZUBER - Benoît REYMANN
- Jean BADER - Morand RIEDWEG - Nicolas MOEGLIN - Joseph NICO et Sébastien
WELTER.
Le conseil réuni, M. le maire lui expose que la communauté israélite sollicite la création d'un emploi d'instituteur adjoint israélite à l'école publique de la commune, en s'engageant à en supporter toutes les charges.
Le conseil,
Vu l'engagement pris par les
notables israélites (1) de verser chaque année à la
caisse municipale une somme de
200.- frs., afin qu'il puisse être alloué un traitement
de pareille somme à un aide
instituteur israélite.
Considérant que la
population israélite de cette commune comprend de 260 à
280 âmes, dont 40 enfants
environ fréquentant l'école israélite libre qui se
tient
jusqu'ici, par tolérance,
dans un local de la maison d'école communale.
Considérant d'autre
part que les avantages offerts par un poste communal
peuvent seuls assurer aux israélites
un instituteur capable et qu'il est désirable de
régulariser la situation.
Est unanimement d'avis :
Qu'il soit créé
dans cette commune un emploi d'instituteur adjoint israélite (2)
sous la surveillance de l'instituteur
public (3) et vote à cet effet un crédit de 200.- frs.
pour le traitement dudit aide instituteur
israélite pour l'exercice 1864, crédit devant être
couvert par le don volontaire de
la communauté israélite.
(1) Huit notables, tous commerçants et gens fortunés, des familles DREYFUSS - WEIL - LEVY - HAAS et BLOCH avaient signés cet engagement.
(2) Samuel HIRSCH fut effectivement nommé instituteur adjoint israélite. Il exerça seulement durant cette année. En décembre 1864 il partit pour l'Algérie. Il sera successivement remplacé par Wolfgang MEYER, natif de Pfaffenhoffen et ensuite par Raphaël SCHWOB.
(3) C'est Joseph SCHUMACHER, instituteur public, qui devint le chef de Samuel HIRSCH.
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